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INEDIT
Maison des Cultures du Monde
MUSIQUES
HONGROISES DE TRANSYLVANIE
Traditions du Gyimes et de la Grande Plaine
HUNGARIAN MUSIC
FROM TRANSYLVANIA
Traditions of Gyimes and the Great Plain
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TRADITION DU GYIMES / TRADITION OF GYIMES
1. Danses de couple, rapide et lente / Pair dances, fast and slow ................................... 12’14”
2. Complainte, hongroises lente et rapide / Lament, slow and fast Hungarian dances .... 11’47”
3. Csárdás ........................................................................................................................... 10’04”
János Zerkula (1927), violon/violin • Regina Fikó Zerkula (1920), üt ”gardon.
TRADITION DE LA GRANDE PLAINE / TRADITION OF THE GREAT PLAIN
4. Par une nuit sombre et sans étoiles / One dark starless night ...................................... 2’42”
5. Accompagnement funèbre, chant de nuit de veille et danse tsigane
Funeral accompaniment, vigil night song and Gypsy dance ......................................... 4’46”
6. Je croyais que tant que serait le monde… / I thought that as long as the world… ..... 4’08”
7. Lente tsigane, danse tsigane, csárdás lent et rapide
Slow Gypsy, Gypsy dance, slow and fast csársás .......................................................... 19’47”
Mária Maneszes « Láli » (1924), chant/vocals (4, 6, 7).
Taraf de Magyarszovát / Magyarszovát Taraf :
Andrei Csengeri « Árpi » (1948) & János Radák « Náci » (1943) : violons/violins (5, 7)
Péter Kovács (1942) & János Botezán (1928) : altos à trois cordes / three-string violas (5, 7)
Ioan Vintila «Endre» (1949), contrebasse/double bass (5, 7).
Collection fondée par Françoise Gründ et dirigée par Pierre Bois
Enregistrements réalisés en 1997 et en 2000 au studio de la collection Utolsó Óra , Fonó Records
(Budapest). Directeurs de collection : László Kelemen et Róbert Kerényi. Ingénieurs du son : Tamás
Asztalos, Géza Pénzes. Sélection des plages, montage numérique, notice : László Kelemen. Traduction :
Dorothée Kovàcshàzy. Photos : Chérif Khaznadar et X ( DR ). Illustration de couverture, Françoise Gründ.
Réalisation, Pierre Bois. © et P 2001, Fonó Records et INEDIT/Maison des Cultures du Monde.
Cette production a bénéficié du concours de l'Institut Français de Budapest (direction, Robert Lacombe) et a été
coréalisée avec les éditions Fonó Records (direction, Sandor László) à l'occasion de la participation des artistes
au cinquième Festival de l'Imaginaire (27 février – 6 avril 2001) organisé par la Maison des Cultures du Monde.
INEDIT est une marque déposée de la Maison des Cultures du Monde (direction, Chérif Khaznadar).
 
MUSIQUE HONGROISE DE TRANSYLVANIE
Traditions populaires du Gyimes et de la Grande Plaine
E n regardant la carte de l’Europe, on
primitive (la région outre-carpatique), même
s’ils sont incontestablement proches de ceux
de certaines contrées hongroises.
Ce lien hongrois n’est pas un hasard : l'in-
fluence de la magyarité, tout au long du der-
nier millénaire, a été déterminante tant au
plan politique qu'au niveau culturel. En effet,
dans le bassin des Carpates, les courants cul-
turels et les styles musicaux ont toujours cir-
culé d’ouest en est, et donc à travers la
Hongrie. Preuve en est l’apparition tardive du
style baroque à Kolozsvár 1 . Dans l’architec-
ture de cette ville, la Renaissance s’est ainsi
maintenue pendant plus de cent ans après sa
disparition en Occident en raison de l’occupa-
tion turque qui a coupé la Hongrie en deux et
isolé la Transylvanie de l’Occident.
L’usage du violon et des instruments à cordes
y apparaît dès le XVII e siècle mais ne se géné-
ralise qu’à partir de la deuxième moitié du
XVIII e siècle, période des Lumières et du Réveil
des nations. Dès lors, les instruments à cordes
évincent définitivement les instruments à
vent (cornemuse, chalumeau) jusqu’alors cou-
ramment utilisés dans la musique tradition-
nelle transylvaine et le quatuor, composé sur
le modèle occidental de deux violons, d'un
remarque à l’est une longue crête monta-
gneuse qui, telle une ébauche de coquille d’es-
cargot, s'enroule sur elle-même. Ce colimaçon
est formé par l’arête des Carpates et cache,
dans sa partie arrondie, l’une des contrées les
plus riches et les plus diversifiées du folklore
européen : la Transylvanie. Ce territoire a
tantôt fait partie de la Hongrie, tantôt
constitué une principauté autonome. La paix
de Trianon, qui suivit la première guerre mon-
diale, l’a attribué à la Roumanie, en reconnais-
sance du rôle joué par cette dernière durant la
première guerre mondiale et prenant ainsi acte
du fait que la population transylvaine était
désormais majoritairement roumaine. C'est
pourtant dans la diversité des origines de sa
population que réside l’un des secrets de la
richesse musicale de la Transylvanie.
Aux trois nationalités historiques reconnues
dès le Moyen-Âge (les Hongrois, les Sicules, les
Saxons) s’ajoutèrent successivement les
Roumains, les Tatars, les Slovaques, les Juifs,
les Tsiganes, les Arméniens. Chacun de ces
peuples a, par ses apports successifs, contribué
au développement de la musique transylvaine.
Le style, la saveur propres à cette musique
populaire ne peuvent se confondre ni avec
ceux de Hongrie ni avec ceux de la Roumanie
1. Cluj en roumain, Klausenburg en allemand (NdT).
–3–
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alto et d'un violoncelle (ou contrebasse), se
développe et se maintient jusqu’au début du
XX e siècle, avec différentes variantes locales.
En général, les formations dépendent forte-
ment de la richesse de la région. Dans les cam-
pagnes aisées, la collectivité entretient un
orchestre important, comprenant des instru-
ments variés, contrairement aux autres
villages moins opulents.
Le violon est le partenaire incontournable et
l’instrument principal de ces orchestres.
Dans les enregistrements de la région de
Gyimes, il a ceci de particulier qu’il possède
sous la corde de la une corde sympathique. Il
est accompagné d’un autre instrument particu-
lier appelé en hongrois üt gardon . Cet instru-
ment au corps de violoncelle, accordé sur une
note (en général le aigu), autrefois fabriqué
de façon artisanale et qui était utilisé dans tout
le comitat de Csík 2 par les Sicules comme par
les Roumains, donne la cadence aux danseurs.
De nos jours il a été refoulé dans les vallées
reculées des Carpates orientales, comme dans
la région du Gyimes 3 . Ses cordes sont frappées
avec une baguette, mais l’une d’entre elles est
pincée avec la pulpe du doigt, ce qui la fait cla-
quer sur la touche de l’instrument.
Le deuxième orchestre que l’on peut entendre
dans ces enregistrements vient de la partie
centrale de Transylvanie, le Mez ség (Grande
Plaine). C’est un orchestre qui utilise exclusi-
vement des instruments à cordes, deux vio-
lons, deux altos conçus spécialement pour
l’ensemble, et une contrebasse. Cette forma-
tion instrumentale existe depuis les années
soixante et la mode des divertissements à
grand effectif. Auparavant, deux instruments
identiques coexistaient rarement, le violon-
celle (petite basse) suffisant la plupart du
temps à équilibrer le duo violon et alto. Les
violons sont ici conformes à l’usage, et c’est
surtout l’alto qui mérite notre attention, car
on en a modifié le jeu harmonique en rac-
courcissant le cordier et y tendant trois cordes
accordées de façon particulière (sol - ré 1 - la).
Autrefois tous les instruments étaient cordés
en boyau, sauf la chanterelle du violon qui
était confectionnée dans du fil de téléphone,
et la corde de sol qui était filetée de cuivre à
l'instar des cordes de guitare. Fabriquées avec
de la panse de taureau jusque dans les années
soixante, les cordes artisanales ont été rem-
placées par des cordes industrielles, plus
sonores et plus économiques. La panse de tau-
reau n’est plus guère utilisée que pour la
contrebasse.
Chaque instrument de l'orchestre, placé sous la
conduite du violon, joue la mélodie à sa
manière : le violon dans l'aigu et dans un style
richement ornementé, la contrebasse dans le
grave et dans un style simple et isorythmique
et, entre ces deux extrêmes, les deux altos qui
accompagnent la mélodie de leurs accords
majeurs et de leurs mixturae . Cette musique
comprend de nombreux éléments archaïques
–4–
2. Cuic en roumain (NdT).
3. Ghimes en roumain (NdT).
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qui laissent à penser que l’on peut apprendre la
véritable ornementation baroque auprès du
premier violon d’un orchestre transylvain.
L’accompagnement dans le mode majeur fait
mieux ressortir la mélodie, évoquant en nous
l’idéal médiéval de la sonorité majeure parfaite.
La caractéristique principale de cette musique
de danse est le rythme accentué sur la pre-
mière pulsation, et ce pour chaque instru-
ment. Tout y est très sonore, il n’y a pas d’hé-
sitation dans la dynamique. Chaque pièce est
construite sur une succession de mélodies
librement associées, l’orchestre improvisant à
l’intérieur du cadre des règles de la danse. On
notera également que le tempérament utilisé,
antérieur au tempérament égal, sonne faux à
une oreille occidentale moderne. Les notes,
par rapport aux règles de l'acoustique, sont en
permanence tirées vers le haut, contribuant
ainsi à produire une musique plus « tendue ».
Cette manière de jouer est aussi celle de la
musique du Gyimes : il suffit d’écouter la voix
inférieure du jeu de violon en doubles cordes.
Si, à partir de ces deux notes, on imagine des
accords parfaits, ceux-ci sont majeurs, même
lorsque les mélodies sont en mode mineur.
Les deux formations instrumentales présen-
tées sur ce disque sont représentatives de deux
territoires transylvains, gardiens l’un comme
l’autre d’anciennes musiques populaires mais
fort éloignées les unes des autres, à l'instar de
leur distance géographique. Ces différences se
manifestent non seulement dans la manière
de traiter les instruments, mais aussi dans
celle d’aborder les chants. La plupart des
mélodies mélangent les deux styles vocaux
hongrois, le plus récent et le plus ancien. Les
textes sont improvisés sur de vieilles mélodies
hongroises et expriment en général l’humeur
du chanteur, ses joies ou plus fréquemment
encore ses peines. (C’est pourquoi ces enregis-
trements comprennent plusieurs fois le même
texte, avec parfois des suites différentes.)
Le chant alterne avec la déclamation et, dans
de nombreux cas (par ex. dans la dernière
plage), des interjections ou des cris de joie
pendant les danses (csujjogatások) sont inté-
grés au texte de la chanson. L’origine des
textes est accessoire, car à côté des œuvres
populaires, le chanteur intègre également des
fragments de poésie savante ou des vers de
grands poètes hongrois appris à l’école.
*
*
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Les musiques présentées dans ce disque sont
radicalement différentes de celles qu’évoque
le terme musique populaire hongroise pour l’au-
diteur moyen d’Europe occidentale et mal-
heureusement pour beaucoup de Hongrois.
En effet, ceux-ci se réfèrent généralement à la
musique interprétée par les Tsiganes et qui
comprend aussi bien des musiques de restau-
rant (que les Hongrois qualifient sommaire-
ment de musique tsigane ) ou les musiques ins-
trumentales villageoises : danses populaires
hongroises, roumaines, saxonnes, juives, etc.,
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